Un tour dans la mer Egée

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Voyager, ce sentiment de liberté. Aller loin en avion c’est avant tout préparer et plus on va loin moins on improvise.

Presque chaque année un prétexte s’offre à moi pour aller loin. J’ai un certain talent à cultiver le prétexte d’ailleurs. Cette année, mes amis Grecs et Français ont décidé de se donner rendez vous sur une île Grecque. C’est un jeu qu’on pratique. L’accès de l’île en question devient de plus en plus complexe. Cette année ce sera… Skyros.

Dernière île des sporades, c’est une île peu connue en plein milieu de la mer Egée. Il y a un aéroport…. YES !

Mais attention, pour être déjà allé en Grèce, je sais déjà qu’il va falloir sacrément calculer pour y arriver. L’avgas est aussi précieux que le caviar, les horaires des aéroports ressemblent à ceux de la poste en France et les taxes sont telles qu’au lancé de dé si on tombe sur la mauvaise case le chèque ruine les vacances. D’où la préparation.

Je passe les détails de cette préparation, ceux qui seraient intéressés peuvent venir me questionner, je ne suis pas avare de renseignements.

Après débats avec ma famille, on a décidé de privilégier les branches longues plutôt que les arrêts.

On part donc le vendredi avec au programme, Visan (Terminal 2B) – Roma Urbe une branche d’environ 3H45 qu’on fera le matin très tôt pour ne pas avoir trop chaud, suivi de Roma Urbe – Corfou, qui fait aussi 3H45

J’ai prévu une pause assez conséquente à Rome pour faire le plein bien sur mais aussi se reposer, dormir pour que la deuxième branche s’enchaine bien.

Plutôt que de batifoler, j’ai décider de faire au plus court. Bien qu’il y ait beaucoup de survol maritime, c’est aussi au plus simple en ce qui concerne les services de contrôle.

On arrive à Urbe comme prévu avec même un peu d’avance.

 

 

 

Puis on repart. J’ai un peu sous-estimé les montagnes derrière Rome. La chaleur est forte, les perfos merdiques et la contrôleuse de Roma Info, qui veut impérativement un point de report avec une estimée, me pète les rouleaux. Elle ne semble pas connaitre le plus grand sommet derrière Rome. Enfin comme si un mec d’Avignon ne connaissait pas le ventoux. Quand on est enfermé dans ses schéma mentaux parfois. On finit par s’entendre. De toute façon, sans radar avec une vague idée de ma position, elle me sert autant qu’une fourchette pour manger de la soupe.

Dés que j’ai quitté la zone de Rome, les zones sud sont cool à la radio, cela redevient, gentil et prévenant. J’ai déjà traversé cette zone dans une précédente épopée.

Amendola, puis Brindisi info..etc.. ma préparation se déroule bien, même si j’aurais dû mettre un peu plus de points sur mon log. Les contrôleurs acceptent mes reports, comprenant qu’il faut quand même pas trop me taquiner sur la géographie du coin.

On arrive au bout de la botte…. L’adriatique…

Quand on arrive à Corfou, c’est d’abord Othoni une ile juste avant. Ensuite, il faut écouter car il peut y avoir beaucoup beaucoup de trafic. Mais les contrôleurs Grecs sont toujours gentils et prévenant, fidèles à leurs habitudes d’accueil.

Le contrôleur me fait faire un petit 360 d’attente avant de m’intégrer.

Corfou est sans doute une des finales les plus belles avec la fameuse petite église qui fait toutes les cartes postales de Grèce.

Corfou c’est aussi un endroit où un liner se pose toutes les 10 minutes et pour avoir de l’Avgas il faut se faire entendre. J’avais pourtant précisé que j’avais besoin de refueler à l’arrivée, dû à un départ tôt le lendemain pour respecter les procédures de l’aéroport (militaire) de Skyros. Ben a l’arrivée, le camion d’Avgas, de l’autre coté de la piste s’occupait de Dromadair qui tournaient sur un incendie local. Donc on est allé en Taverna, en prévoyant de revenir plus tard pour le plein.

Décidé de ne pas se faire abattre.

De retour à l’aéroport, après un peu de négociation, on fait le plein. Je ne chercherais pas à vous convaincre sur la Grèce et les grecs, je connais le pays presque aussi bien que la France et sans être capable de tenir une conversation, je comprends plutôt pas mal la langue et mon vocabulaire même limité m’a toujours ouvert toutes les portes et les cœurs.

On a le plein, on peut aller se coucher. Demain il faut mettre la manette de gaz dans le tableau de bord à 7H00. Skyros est militaire, on a une autorisation mais ils ferment à 10H. Il y a environ 2H de vol donc faut pas non plus trop déconner, mais si la dame du handling, m’a assuré qu’ils m’attendraient. On verra par la suite que les tensions avec la Turquie font que les 2000 décollent très souvent de Skyros.

Sur cette branche, d’abord sympa les montagnes, et oui le nord de la Grèce la où il y a les fameux Meteor, les montagnes sont hautes et belles

Comme on le voit, je suis très fortement soutenu par mon équipe qui est très présente dans la dynamique du vol.

L’arrivée sur Skyros est simple, après le survol de Skiathos puis Skopélos, le contrôleur m’indique la piste. Je connais bien les iles du coin, elles sont tellement nombreuses que c’est beaucoup plus facile que d’aller en Corse ou dans les Baléares.

 

Posé Skyros, les roues ont touchés à 9H30. Mon pote nous voit nous poser avec une précision digne de grande compagnie aérienne.

 

 

L’ile de Skyros est une île très intéressante. Outre que nous avons bien mangé, bien bu et fait la fête comme il se doit, les plages sont belles. Le nord de l’ile rappelle les sporades, iles vertes et boisées alors que le sud est déjà plus « Cyclades » pelé avec des maisons blanches.

On troque notre fidèle JE on a pris soin de lui enfiler son pyjama contre un nouvel engin méga supra nucléaire dont l’accélération nécessite un short antiG.

Semaine avec les potes qui sont venus de différents endroits, mais tous ont dû prendre le bateau à Kymi, un petit port a 2H au nord d’Athènes.

Les amis toujours important, et puis maintenant on a des gamins partout même si certains d’entre eux ne viennent plus.

J’ai dit au départ, voler en Grèce c’est complexe, en effet Skyros c’est beau mais ce serait encore plus beau s’il y avait de l’avgas. Cela m’oblige donc de faire un petit aller-retour sur Syros dans les Cyclades avec ma copine Mariana… just for fun.

Puis le retour car les vacances il y a une fin….

décollage Skyros au petit matin

Skyros Corfou sans souci, on refait le plein pour Corfou – Roma Urbe on a prévu de passer la soirée a Rome….. Mais le vol VFR c’est le vol VFR.

Alors que je suis sur le début de la botte Italienne, je monte haut pour économiser le carburant. 3H45 de théorie contre 5H dans les réservoirs, sur des longs trajets quand on compte tout (hein Mr Lapierre) il en faut du carburant.

Je montre FL085. Je suis au-dessus de petits cumulus. Et je continue de monter. Mais entre temps les cumulus se sont soudés et ce sont eux qui me contraignent à monter. FL125… cela commence à faire. Je sais que cela sera dégagé sur la cote, mais du coup j’altère ma route vers le sud pour rejoindre plus vite la côte et puis je ne peux plus monter donc mon choix de cap est en fonction des nuages. La directe sur Rome n’est pas confortable. Du coup je me retrouve avec Naples (pas trop prévu) je contacte le monsieur en lui expliquant ma situation. Au-dessus de la couche pas de trous et situation pas confortable. Le contrôleur est sympa. Pas de souci monsieur, je vous ai au radar, liberté de manœuvre si souci je vous le dirais. J’ai une force, je n’ai pas d’ego mal placé je n’ai jamais hésité a dire au contrôleur quand je ne suis pas très à l’aise même avec tout les liners en fréquence.

La couche descend un peu mais toujours sans trou. Cette altération de cap me perturbe sur l’essence. Par ailleurs Corfou m’a laissé poireauter moteur tournant 15 minutes a décompter de mon chrono. Mais malgré tout je passe amplement pour Rome, c’est bon. Je reprends une route plus au nord, Naples me passe avec Roma information. Et là « Bonjour Monsieur, j’ai le regret de vous informer que Roma Urbe vient de fermer, il y a un feu à coté.. »

Zob !

« Je vous propose Ciampino, vous êtes capable de vous poser à Ciampino ? »

J’ai envie de dire au mec, met moi un truc plat en face et je peux me poser n’importe où à Roissy ou sur la plage, du moment que tu ne me fais pas la misère. Entre temps les nuages ont fragmenté et je peux descendre. Un soucis de moins.

« je peux me poser à Ciampino mais, il n’y a pas d’avgas à ma connaissance…. » « je vous rappelle »

« En effet, il n’y a pas d’Avgas…. » « Proposez moi une alternative avec Avgas »

Dans ma tête je leur en veux un peu car j’avais mis en alternate Salerno, au sud de Naples, s’ils me l’avaient dit plus tôt, je me serais dérouté.

« F-GMJE, je vous propose  Terni, LIAA, 30NM au nord de Roma Urbe » « Je fais un bilan carburant et je vous rappelle »

Là il ne faut pas se lourder. Mais mon passage au FL125 a permis d’économiser beaucoup. Par ailleurs, le multi-réservoir présente un gros avantage, quand on bascule sur un réservoir plein on sait combien il y a dedans. (Je crois que je n’ai jamais lu une jauge tellement que je ne leur fais pas confiance).

« F-GMJE ok pour terni, redonnez-moi le code OACI » « LIAA »

Je mets le truc dans le GNS….. rien.. bon. Mon épouse réveillée depuis pas mal de temps prend la carte et cherche. Heureusement même dans les turbulences, je maitrise Skydemon. Je sais ou je vais mais j’aimerais un minimum d’info sur le terrain. Skydemon me donne un QFU un QFE et une fréquence…. Sauvé, la piste est en dure de 900m.

Roma info a prévenu terni de mon déroutement et je suis attendu.

Le terrain ressemble un peu a Gap, du para un super resto et une bonne ambiance. Pas de taxe, que de la gentillesse. Tant pis pour Rome, on passera la nuit à Terni.

4H22 au chrono dont 15 minutes d’attente au point d’attente. Mais j’avais encore 1h20 dans un réservoir presque non touché. J’ai remis 106 litres pour un total de 155l dont 5l inutilisables. Bien géré !

Au fait, le tout en anglais bien sur…. Mais j’ai remarqué que la tension m’améliore l’anglais.

La dernière branche…. J’avais décidé de suivre la côte. Arrivé sur Nice, j’avais l’impression d’être à Visan.

Et voila !!!!

Posé, heureux.

22H27 de vol au total. A 140€/H  mais divisé par trois personnes en incluant les taxes on est a peu prés à 1200€ / personne. On avait prévu de voyager à 4 ma plus grande s’est désistée. Sans doute plus cher que la ligne… mais…… plus mieux bien !

Avec un DR300 on en fait des trucs !!!!!!

Cet article a 4 commentaires

  1. Et moi qui voyais la Corse comme le très Saint Graal.
    Si Saint et si Complexe que je n’y suis jamais arrivé.
    Alors une ile des Cyclades ou des Sporades j’aurais jamais osé.
    Enfumé qu’il est l’ex-dabe et ses explorations gastronomiques.
    Un BRAVO à PPG le Vasco de Gama (il a fallu que je vérifie lauretograffe) de Visan Intl !

  2. patrice

    ah mais je n’avais pas vu ton article….
    Quel plaisir que de lire tes récits !!! je vois que les italiens n’ont pas trop changé et sont toujours friands d’estimées pour les points de reports 🙂
    C’est bien, tu n’as pas oublié la marge non plus pour le bilan carburant ! 🙂
    Tu m’as déjà fais bavé avec les photos en direct pendant le voyage…. merci de nous régaler à nouveau avec ton photo reportage !!!
    du bonheur pur !
    Bon, dès que YZ pourra revoler je t’en envoie quelques unes histoire de me venger un peu !!
    Et je ne peux que confirmer et applaudir : toujours signaler au contrôleur lorsque l’on est en situation inconfortable ou dégradée… pour ma part j’ai toujours obtenu compréhension et aide de leur part les quelques fois où cela m’est arrivé.
    Refait vite un voyage afin que l’on puisse te lire à nouveau !!!
    Ou mieux… la prochaine fois, on le fait à 2 zavions maintenant que l’on va avoir un bel avion de voyage à Visan !!!
    Patrice

  3. ALAIN RDI

    Chapeau JPG un beau et long voyage assumé avec méthode et rigueur en mono-pilote …
    Un chouette article pour terminer !! bravo et pourvu que cela donne des idées aux copains …

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